STRASBOURG - PARIS 1978
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32ème édition / Du jeudi 1er juin au dimanche 4 juin / 501 km
30 sélectionnés - 29 partants - 2 arrivants (6 Lauréats)



     
 ITINÉRAIRE :  
     
Itinéraire : Mutzig (Place de la Victoire) - Schirmeck - Col du Hans - Senones - Raon l’Etape - Baccarat - Lunéville - Dombasle - Nancy - Rosières en Haye - Boucq - Commercy - Bar-le-Duc - Saint-Dizier (repos 3h00) - Vitry-le-François - Châlons sur Marne - Epernay - Dormans - Château-Thierry - La Ferté sous-Jouarre - Meaux - Lagny-sur-Marne - Noisy-le-Grand - Nogent-sur-Marne (Place de la Mairie).
   
 
LES SÉLECTIFS :  
 
  Roubaix - 28h00 Jan de Jonge (HOL) 229,710 km  
  Mons (BEL) - 200 km Jan Vos (HOL) 23h41’09’’  
  Château-Thierry - 200 km Robert Schouckens (BEL) 23h22’39’’  
  Bar-le-Duc - 200 km Jean-Claude Gouvenaux 22h23’15’’  
 

Bol d’Or de Chennevières - 200 km

David Boxall (GBR) 22h04’02’’  
  Vallorbe (SUI) - 200 km Robert Schouckens (BEL) 23h24’28’’  
  Strasbourg - 24h00 Gilbert Fournier 205 km - 24h02’50’’  
  Rouen - 24h00 Derek Harrisson (ile de Man) 219,600 km  
 

Récit par Roger Debaye

Après avoir assisté à quinze Jeux Olympiques (dix d’été et cinq d’hiver), après avoir suivi tous les championnats d’Europe d’athlétisme depuis leur création (1934), après avoir été témoin de dix Tours de France depuis l’époque d’Anquetil jusqu’à celle de Merckx, après avoir fait un minimum de deux tours du monde par an pendant près de trente ans, on se croit à l’abri de toute surprise dans le domaine de l’effort physique. On croit avoir tout vu, et puis on se trouve soudainement plongé dans un monde en marge de tout artifice, de tout ce que l’on appelle maintenant la sophistication, c'est-à-dire la complication des choses les plus simples. Un monde dans lequel les valeurs ne sont pas soumises à la qualité d’une mécanique, d’un matériel, voire d’une pharmacopée « stimulante Â» permettant de réaliser des performances qui ne sont pas l’expression de la personnalité réelle.
Quand on passe à Melbourne, il ne faut pas manquer d’aller voir les ornithorynques, ces étranges petits mammifères ne ressemblant à nul autre animal de notre époque et qui sont, dit-on, le dernier lien qui nous relie avec la faune préhistorique. Ce qui justifie de les traiter avec autant de soin que des nourrissons fragiles.
En demandant à Francis Jenevein l’autorisation de suivre Strasbourg-Paris à la marche, je ne m’attendais pas à voir vivre, quatre jours durant, nos ornithorynques à nous les sportifs. A voir vivre des hommes qui, à la manière des petits mammifères australiens, nous relient aux origines de l’humanité. A l’époque où la survie n’était assurée que par le courage, car il n’y avait pas de place pour les faibles. A l’époque aussi où tout n’était pas soumis à la magie trompeuse des chiffres. N’est-il pas trompeur en effet, de fonder des hiérarchies sur des fractions de secondes, ou des fractions de points « untel a été dominé par X ! Â». Or le X en question a battu untel de quelques centièmes des secondes. « Untel a raté son examen ! Â» Or il ne s’en fallait que d’un demi-point, et toute sa vie, il traînera cet échec comme un boulet, lui interdisant l’accès à ce que l’on appelle « une belle situation Â». Alors avec quel plaisir, avec quelle sérénité on s’évade, pour une soixantaine d’heures, de l’univers tyrannique de ce centième de seconde qui fait et défait des royaumes.

L’heure, ce chiffre rond de notre comptabilité temporelle, retrouve toute sa valeur et l’effort physique représente de nouveau quelque chose d’important. Je n’en veux pour preuve que l’admiration, voire le respect, exprimé par le visage de tous les automobilistes qui dépassent les marcheurs sur la route. Jamais la moindre moquerie, la moindre plaisanterie, car enfermés dans leur petite boite à roulettes, ils ressentent une sorte de gêne, en établissant instinctivement la comparaison entre la marche, seul moyen de locomotion dont la nature a pourvu le bipède vertical que nous sommes, et l’artifice consistant à se faire transporter par une mécanique.
Même les jeunes, toujours prêts à brocarder l’effort physique, sont impressionnés, malgré eux, par la performance des marcheurs. A l’un des contrôles, par exemple, quelques adolescents se montraient particulièrement remuants et bruyants, proclamant bien haut qu’il fallait être « drôlement con Â» (sic) pour faire de la marche à pied et que, pour leur part, ils se déclaraient champion de la quéquette. Affirmation présomptueuse, car le visage boutonneux des jeunes gens démontrait, à l’évidence, qu’ils n’étaient pas encore opérationnels de ce côté-là. Mais lorsque Josy Simon apparut, marchant depuis deux jours et deux nuits, frais comme l’œil, lucide et souriant, l’un des jeunes rigolos eut ce mot charmant et très sympathique : « c’est tout de même quelqu’un ce mec. Moi, je ne pourrais pas le suivre un quart d’heure, et il marche comme ça depuis avant-hier. Chapeau ! Â».
Ils avaient raison ces jeunes, et c’est pour cela que cette grande aventure de Strasbourg-Paris est impressionnante, parce qu’elle n’entre pas dans l’imaginable. Effectivement, les 501 kilomètres couverts en un peu plus de soixante six heures, représentent une moyenne proche de 8 km/h. Or si l’on sait que le plus fougueux des piétons citadins ne fait pas plus de six ou sept à l’heure quand il bouscule tout le monde sur le trottoir, il faut faire un gros effort d’imagination pour réaliser que des hommes peuvent marcher à une telle cadence du jeudi soir au dimanche après-midi, soit trois jours et trois nuits !
Il est vrai que n’importe qui ne peut pas se lancer sur la route en se disant : tiens, je vais faire Strasbourg-Paris à la marche ! Ce n’est pas le genre de chose qui s’improvise, et c’est là que réside, précisément, l’un des points les plus importants pouvant être découverts par un nouveau venu sur l’épreuve. Le moindre détail a été pensé, testé, éprouvé au cours d’expériences précédentes. Le folklore d’autrefois est révolu. Le coup de rouge qui fortifie et la soupe qui tient au corps étaient des séquelles de traditions paysano-militaires, remontant à l’époque où le pinard un peu corsé d’éther, donnait des ailes au poilu. Et si il y avait eu un contrôle anti-dopage à Verdun ou à la bataille de la Marne, il y aurait eu pas mal de disqualifiés parmi nos trouffions.
Depuis l’équipement des voitures jusqu’aux tâches assumées par ceux qui composent l’entourage de chaque marcheur, en passant par les soins et l’alimentation, plus rien n’est laissé au hasard. Certes, certains sont mieux organisés que d’autres, mais cela tient à la nature humaine qui est ainsi faite. Il y en a qui croient qu’il ne leur arrivera jamais rien et dont l’organisation logistique est un peu légère, et d’autres qui, au contraire, envisagent toutes les hypothèses et s’arment pour y faire éventuellement face.
L’organisation de Simon et de Schouckens, d’Alomaine, des frères Bouloc , de Schneider, pour ne citer que les plus en vue dans ce domaine, est exemplaire et aussi éloignée que possible de ce que l’on peut imaginer tant que l’on a pas vu à l’œuvre non seulement les marcheurs et leurs équipes, mais également tout ce qui est réalisé au niveau de la surveillance et des soins officiels, si l’on peut ainsi dire. L’échelon médical mis en place par « Akiléïne Â», animé par des praticiens connaissant admirablement bien leur sujet est un modèle du genre, et si il y avait à faire un rapprochement entre Strasbourg-Paris et le Tour de France, je placerais en numéro un le domaine des soins. Le cycliste et le marcheur font confiance au médecin et à son équipe parce qu’ils se savent compris. Ils savent que le médecin ne fait pas semblant de les comprendre pour les rassurer, dans la plus pure tradition de la médecine militaire d’autrefois, partant du postulat selon lequel le consultant était un tire-au-cul voulant se faire exempter d’une corvée quelconque.
Les médecins et les soigneurs modernes savent tout sur les pieds des marcheurs. Et non seulement ils savent tout ce qui peut leur arriver, mais ils savent tout soigner. Un homme comme Michel Bernard par exemple (pas l’ancien coureur, le podologue), est une sorte d’incollable. On peut lui présenter les pieds les plus abimés, il les remet – sinon à neuf – tout au moins en état de marche, si l’on peut oser ce mauvais jeu de mots. Il est d’ailleurs curieux de noter, au fil de la course, le rôle déterminant tenu par l’ensemble organisation/soins. On s’imagine naïvement qu’il n’y a qu’à marcher, manger quand on a faim, se reposer quand on est fatigué, se couvrir quand on a froid et tenir le coup jusqu’à Paris, mais ce n’est pas cela du tout. Francis Jenevein et Jean Dahm ayant eu l’excellente idée de me faire faire équipe avec un expert en matière de Strasbourg-Paris, Max Paquin, connaissant la course sur le bout des doigts, j’ai pu constater que l’on ne marche pas à n’importe quelle allure sous peine de le payer cher par la suite, comme Schouckens qui ne s’est jamais remis de ses onze kilomètres couverts dans la première heure sous l’impulsion de Josy Simon, que l’on ne s’alimente pas n’importe quand ou n’importe comment sous peine de graves perturbations au plan de la digestion, que l’on attend pas le « pépin Â» pour soigner un pied qui flanche, que l’on attend pas la crampe pour se faire masser, et ainsi de suite pendant trois jours et trois nuits, avec un arrêt obligatoire de trois heures à mi-parcours pour une sorte de révision générale de la machine humaine. Admirable machine humaine dont les ressources sont stupéfiantes. Ayant malheureusement eu à subir un certain nombre d’épreuves physiques au cours de ma captivité, j’avais cru toucher le fond de la résistance humaine. Mais ce que réalisent les marcheurs entre Strasbourg et Paris, de leur plein gré cette fois, est d’un autre calibre. Le terme de « dépassement de soi-même Â», si cher aux politiciens brandisseurs de verres en fin de banquet, afin de faire croire aux sportifs qu’ils sont des leurs, n’est qu’une aimable bleuette en comparaison avec la réalité. En vérité, c’est du « vidage complet de soi-même Â» qu’il convient de parler.
A ce propos, le contraste Europe-Amérique a été particulièrement frappant en ce sens que le charmant et merveilleux Paul Hendricks, entouré d’une équipe formée de personnes occupant toutes une position sociale extrêmement solide, tombèrent de haut. Certes, ils n’étaient pas venus sur Strasbourg-Paris en roulant des mécaniques et en disant vous allez voir ce que vous allez voir, mais ils ne s’attendaient pas non plus à se trouver confrontés à des problèmes dont ils ignoraient tout. C’est bien beau d’être champion des Etats-Unis des 100 miles (160 km). C’est bien beau de faire son petit marathon pépère, à la balade, sur les routes californiennes, en compagnie de dames et de messieurs d’un certain âge, tombés amoureux de la nature. Mais marcher 500 kilomètres, soutenir un effort important pendant trois jours et trois nuits, c’est autre chose.
Contraste donc, parce que ce furent les américains, ces super-modernes sincèrement persuadés d’avoir tout inventé, qui apparurent comme des enfants émerveillés, découvrant tout au fil des heures et ne cessant de proclamer leur admiration pour le courage de ces européens considérés outre-Atlantique, comme des pièces de musée. Après avoir abandonné au bout de vingt-quatre heures, à peu de choses près, complètement épuisé et les pieds « sans connaissance Â», Paul Hendricks était à l’arrivée à Nogent et en voyant Josy Simon parcourir allègrement les derniers mètres de l’épreuve, il s’exclama en hochant la tête : « Je ne croyais pas que cela était possible ! Â».
Curieuse réaction de la part d’un américain de l’Ouest car il ne faut tout de même pas oublier que quatre-vingt pour cent des gens de l’Ouest sont des descendants des pionniers qui traversèrent les Etats-Unis à pied d’Est en Ouest, il n’y a pas si longtemps que cela. Ce qui est d’une autre dimension que Strasbourg-Paris. Il est vrai que de génération en génération, les choses doivent beaucoup changer puisque dans tous les westerns, les cow-boys ne manquent pas leur homme, au Colt, à deux cents mètres, alors qu’aucun américain n’a encore été champion olympique de tir au pistolet !
A propos des marcheurs de Strasbourg-Paris, on a fait le rapprochement avec les alpinistes, au plan du courage, de la volonté et de la durée de l’effort, et on les a placés, eux aussi, sous le signe des « conquérants de l’inutile Â». Comparaison flatteuse pour les marcheurs pour ce qui concerne les qualités humaines, certes, mais inexacte pour ce qui concerne les conséquences de l’échec, car un marcheur en perdition pour être allé au-delà de son possible à lui ne met pas en danger la vie de ses sauveteurs. Ce qui n’est pas le cas de ceux qui se lancent inconsidérément dans les aventures montagnardes au-dessus de leurs moyens, et qu’il faut aller décrocher d’une paroi.
C’est probablement parce qu’il est gratuit, dans tous les sens du terme, que le courage du marcheur nous réconcilie avec l’humanité, qui dit-on, répugne de plus en plus à l’effort. Alors que ceux qui affirment cette sottise viennent passer quelques heures avec les gars de Strasbourg-Paris : ils changeront rapidement d’avis, à moins d’être d’une mauvaise foi insigne. Mais c’est sans importance, car un homme de mauvaise foi est souvent un homme de mauvais foie, un pisse-vinaigre bourré de complexes, dont le seul esprit qu’il ait est celui de la contradiction !
En assistant aux dernières heures, aux dernières minutes du calvaire de Robert Schouckens, en voyant sombrer soudainement Emile Alomaine, le « monsieur méthode Â» de l’épreuve, l’amabilité faite homme, en regardant Jacques Bouloc, transfuge du 400 m haies, se hisser au niveau de son frère Michel, marcheur de grande classe, puis se retirer discrètement de la course, évènement dont je n’ai rien manqué grâce au flair étonnant de Max Paquin, toujours sur les bons coups, j’ai songé à ce disque enregistré par Jean Gabin, peu avant sa disparition. « Je sais disait-il à la fin. Je sais surtout que je ne sais rien ! Â»
Moi aussi, je suis au bout du rouleau, mais je crois que lorsqu’on peut encore découvrir quelque chose, s’enthousiasmer pour cette découverte et admettre que l’on sait surtout que l’on ne sait rien, on peut jouer les prolongations et rempiler pour quelques années de plus. Et pour conclure, après avoir constaté sur la route l’admiration de la foule pour ces hommes qui venaient de loin et qui s’en allaient plus loin encore, à pied, de leur pas tranquille, si bien décrit par Marcel Aymé lorsqu’il parle du facteur Déodat, je propose aux pouvoirs publics d’imposer aux candidats à toute élection, des municipales aux législatives – surtout aux législatives -, de faire leurs tournées de propagande à pied, comme le Christ. Il leur suffira simplement de bien constituer leurs équipes de soigneurs et de se souvenir que, depuis deux mille ans, les Judas ont fait plus de petits que les autres apôtres !



1978 - Le récit complet de l’épreuve, par Roger GARNIER

Après le brillant article de mon ami Roger Debaye - je serai moins éloquent – je vais vous relater un résumé succinct du déroulement de cette magnifique épreuve.
Cette année, le km 0 de notre grande classique se trouvait à 25 kilomètres de Strasbourg, dans une charmante cité fleurie et typiquement alsacienne, renommée pour sa bière « Mutzig Â». Quelle animation ce jeudi 1er juin dans la ville. En effet, depuis l’aube, les employés des services municipaux mettaient en place le protocole de départ : estrades, podium, mâts avec drapeaux. Derrière la Mairie, sur la Place mise gracieusement à notre disposition, et dans la salle des fêtes, ce sont les grands préparatifs de départ.
A 9 h, ouverture de la permanence, remise des dossards, macarons plaques de voitures, visite médicale. Dans la ville en fête, tout le monde est joyeux, athlètes, soigneurs, entraîneurs, avec des projets de victoire dans la tête. Cette liesse générale, sous un beau soleil, durera jusqu’au moment du départ. Il faut un jour, assister à cette épreuve pour être imprégné de cette ambiance qui vous prend et vous grise légèrement.
A 11 h 30, nous étions reçus dans la salle d’honneur de l’hôtel de ville de Mutzig par M. le Maire Brencklé entouré de son conseil municipal. M. le Maire de Molsheim, récent organisateur du championnat de France des 100 km, grand ami de notre discipline, avait tenu à venir saluer le Président du C.N.M. et les athlètes. Le Colonel du 153ème, entouré des officiers du régiment, les services de gendarmerie du département, les services de la Croix Rouge. Souhaits de bienvenue de M. le Maire, allocution du Président Jenevein. Remise de breloques, souvenirs et médailles. Tout le monde se retrouva devant un buffet, le verre de Riesling à la main, servi par de charmantes jeunes filles en costumes traditionnels … au succès de notre épreuve… que le meilleur gagne. C’était très bien parti.
A 15 h 30, une délégation composée du Président Jenevein, Dahm, Garnier, des membres de l’Union de Marcheurs de Strasbourg, de M. Alfred Volzenlogel et de sa famille sont allés à Still, distant de 10 kilomètres, fleurir la tombe de notre ami Victor Fiedenbach, grand organisateur et animateur de notre discipline en Alsace. De retour à Still devant la place, la musique du 153ème Régiment donne un concert. La foule, canalisée par le service d’ordre, assiste à la présentation des 29 concurrents qui viennent signer sur le podium la feuille de départ. En effet, le dossard 22, l’allemand Manfred Loch, ne s’étant pas présenté, est donc forfait. Décidément, déjà l’an dernier, le dossard 22 qui était attribué à Fournier, n’avait pas pris le départ. C’est une coïncidence. Appel, dernières consignes et recommandations du directeur de l’épreuve avec la présentation du jury.
A 18 h 30, ciel bleu et chaud. M. le Maire va couper le ruban tricolore qui retient les 29 valeureux qui ne pensent qu’à relier Nogent le dimanche. Et aux accents d’une marche militaire, tout le peloton s’élance, suivi d’une multitude de voitures, motos, cycles. Quel gymkhana pour revoir la tête. Tout le monde a fière allure, et dans la campagne alsacienne, nous mettons le cap sur Schirmek – notre premier contrôle – à 22 kilomètres du point de départ.
A 22 h 37, trois hommes signent ensemble la feuille de contrôle : Simon, Schouckens et Pheulpin ; puis en quatrième position Gouvenaux et Bouloc Michel à 20 h 40 ; à 20 h 42 Bouloc Jacques et Champmartin ; puis Schneider, Fournier, Himmesoette et Olmetta, les quatre mousquetaires à 20 h 46 ; 13ème Pierre André à 20 h 48 ; 14ème Alomaine à 20 h 50 ; ensuite Saint-Vanne, Van Bergen, Dufay, Curty, Brallet ; puis les derniers, Roby, Bordier à 21 h 05 ; et la lanterne rouge, Legrain (29ème) à 21 h 07. Il y a déjà trente minutes entre le premier et le vingt-neuvième.
Contrôle au sommet du Col de Hanz (39ème kilomètre) : Toujours trois hommes en tête : Schouckens, Simon et Pheulpin à 22 h 26, suivit de Pietquin à 22 h 31, puis les frères Bouloc à 22 h 33, Champmartin (6ème) à 22 h 38, puis Gouvenaux ; Himmesoette et Olmetta à 22 h 44, ensuite dans l’ordre, Schneider, Fournier, Alomaine, Pierre André, Saint-Vanne, Onanachvili, Van Bergen, Brallet à 22 h 58 ; Curty, Dufay, Hubert et Girod à 23 h 03, puis Chamagne, l’américain Pol Hendricks (en 24ème position) à 23 h 08. Pour finir, Roby, Bordier, Dupont, Letondel et Legrain qui passe à 23 h 19. Cinquante trois minutes séparent la tête du dernier. Dans la forêt vosgienne et la nuit fraiche, la lutte se durcit.
Contrôle de Sénones au 50ème km : Simon et Schouckens passent ensemble à 23 h 29, une minute seulement devant Adrien Pheulpin. Puis, à 9 minutes des premiers, Pietquin, suivi à 2 mn de Champmartin, Michel Bouloc à 5 mn, et à 5 minutes encore, Jacques Bouloc, Gouvenaux, Himmesoette et Fournier. Pour fermer la marche, nous notons en 26ème position Claude Dupont à 00 h 31, Legrain et Hendricks à 00 h 33 puis en dernier Letondel à 00 h 35. Il a maintenant 1 h 06 entre l’ouverture et la fermeture du contrôle.
Il n’y a que 12 kilomètres pour atteindre Raon-L’Etape au 62ème km : Le duo (Schouckens – Simon) mène toujours et pointe à 00 h 55. Les deux co-leaders précèdent un autre duo (Pheulpin – Champmartin) de 2 minutes. Mais il faut attendre près d’une demi-heure pour voir passer Himmesoette, Bouloc M., Gouvenaux, Fournier et Alomaine à 01 h 21, Olmetta à 01 h 23, Bouloc J. à 1 h 27, Schneider à 1 h 28, Saint-Vanne, Pierre et Girod à 1 h 44, Brallet et Dufay à 1 h 50. En fin de peloton, nous pointons Roby à 2 h 07, Legrain 2 h 12, Pol Hendricks à 2 h 19, Dupont et Letondel qui ferme la marche à 2 h 22.

Nous sommes le vendredi 2 juin et aucun changement notable n’est relevé au passage devant la Mairie de Baccarat. Simon et Schouckens pointent à 1 h 58, une minute devant Pheulpin et 10 minutes devant Pietquin. Suivent Champmartin (2 h 11), Himmesoette (2 h 16), puis Bouloc M., Gouvenaux, Fournier, Alomaine et Olmetta. Le suisse Girod est en 15ème position à 2 h 54 et il faut attendre une demi-heure supplémentaire pour voir passer Legrain (26ème) à 3 h 26, Hendricks (27ème) à 3 h 31, Letondel à 3 h 37 et c’est maintenant Dupont qui occupe la 29ème et dernière position à 2 h 44.
A 5 heures du matin, nous enregistrons le premier abandon. Jean Dufay de l’US Torcy est malade et doit renoncer à Ménil-Flin au 80ème kilomètre.
Devant, un trio s’est reformé en tête et au 96ème kilomètre, les marcheurs sont contrôlés au salon des Halles à Lunéville. Pheulpin, Simon et Schouckens passent à 4 h 59, puis Pietquin et Himmesoette à 5 h 12, Champmartin à 5h14, Alomaine à 5h22, Fournier 5h23, Bouloc M. 5h25, Gouvenaux 5h28, Olmetta 5h37, puis à 1’ Schneider, Brallet est 19ème à 6h15, en compagnie de Hubert, Letondel et Dupont sont pointés à 7h07.
Le jour s’est levé lorsque le Luxembourgeois Josy Simon se présente à la Mairie de Dombasle au km 108,500. Il est 6h27 et le belge Schouckens compte 3 minutes de retard, Pheulpin compte encore 3 minutes supplémentaires et l’autre belge Pietquin lui aussi 3 minutes après. Champmartin et Himmesoette sont ensemble à 6 h 47, en 7ème position, Alomaine pointe à 6h54. En queue de peloton, les positions ont changé et l’américain Hendricks est 25ème à 8h56, puis Letondel à 9h08, Dupont à 9h12 et un duo (Roby – André) ferme la marche à 9h13.
La Mairie de Nancy permet d’installer un contrôle au 126ème km et Josy Simon le franchit en leader à 8h21. Suivent Schouckens (8h26), Pietquin (8h27), Pheulpin (8h32), Champmartin (8h37), Himmesoette (8h49), Alomaine (8h56), Fournier (9h07), Olmetta (9h13), Schneider (9h17). 28 marcheurs passent à Nancy. 3h35 se sont écoulées entre le premier et le dernier. Mais dès la sortie de Nancy, Lucien Hubert (dossard 29) arrête. Puis à Saizerais au km 146,5, c’est au tour de Jean-Marie Legrain d’abandonner. Malade et trop attardé, il monte en voiture. Ils ne sont plus que 25 marcheurs sur la route lorsqu’ils abordent le contrôle de Rosières-en-Haye.
Kilomètre 150 : Josy Simon passe à 11h02, puis Pietquin à 11h05, Schouckens à 11h07, Champmartin à 11h29. Adrien Pheulpin paie très cher les efforts fournis au départ et pointe à 11h43. Himmesoette, Alomaine et Schneider à 12h10, Olmetta à 12h17, Fournier 10ème à 12h22. C’est maintenant le lyonnais Onanachvili qui ferme la marche à 16h27.
Boucq – 172,5 km : Pas de changement notable au classement avec en tête Simon à 13h45, puis Schouckens revenu en deuxième position à 14h03, Pietquin à 14h25, Champmartin à 14h32, Alomaine 10 minutes derrière, en 6ème position Pheulpin à 15h05, Schneider à 15h14, Himmesoette 15h15. Dominique Onanachvili ferme la marche à 20h21. Il compte plus de 6h45 de retard sur la tête de l’épreuve après seulement 172 kilomètres de compétition.

En effet, devant, le rythme est très soutenu et le porteur du maillot jaune Miko, le Luxembourgeois Josy Simon traverse Commercy (192ème km) à 15h56. Il compte 25 minutes d’avance sur son poursuivant immédiat le belge Robert Schouckens. Le 3ème est un autre belge, Emile Alomaine. Il pointe au contrôle à 16h57 soit plus d’une heure après le leader. Les écarts sont aussi importants à l’arrière avec Champmartin (17h16), Schneider (17h37), Himmesoette (17h40) et Pietquin à 17h46. Vingt cinq marcheurs auront ralliés Commercy dans les délais, mais sept d’entre-eux vont abandonner dont le 13ème Jacques Bouloc (19h25), Pheulpin (19h34), Roby (20h50), Van Bergen (21h10), Fournier (21h14), puis Dupont (23h00) et Onanachvili à 0h45 trop attardé. A la sortie de Commercy au 200ème kilomètre, l’américain Hendricks renonce suivi au bout de quelques kilomètres du suisse Girod.
Il fait encore jour lorsque Simon traverse Bar-le-Duc à 21h11. Schouckens pointe à 22h01 et Alomaine à 22h16, puis Champmartin (22h26), Schneider, M. Bouloc, Pietquin et Himmesoette. Il reste seize marcheurs en compétition, le dernier étant Saint-Vanne qui pointe à 6h05.
Saint-Dizier, 255ème km, ville repos pour trois heures le samedi 3 juin. Devant une nombreuse assistance massée devant les établissements Miko, où nos marcheurs vont prendre un repos bien mérité, le Maire de la ville M. Marius Cartier était venu encourager et remettre une coupe à Josy Simon. Une sympathique réception, sous la présidence de M. Ginez, directeur des établissements Miko, réunissait les officiels, la presse écrite et filmée et les soigneurs des athlètes. Le président remit la plaquette souvenir à M. Ginez.

Tableau d’arrivée à Saint-Dizier :
1 - Simon 0h55

2 - Schouckens 02h01

3 - Alomaine 02h14

4 - Champmartin 2h25

5 - Schneider 2h42

6 - Bouloc Michel 3h39

7 - Pietquin 3h58

8 - Pierre André 4h15

9 - Himmesoette 5h12

10 - Brallet 5h17

11 - Gouvenaux 6h40

12 - Olmetta 7h45

13 - Bordier 8h48

14 - Chamagne 8h52

15 - Curty 9h52

16 - Saint Vanne 10h14 (les deux derniers ne repartiront pas).


C’est donc 14 hommes qui passeront au 309ème kilomètre, le contrôle de Vitry-le-François. Le premier étant Simon à 8h05, suivi de Alomaine à 9h36, puis Schouckens à 10h01, Schneider à 10h15, Champmartin à 11h13, Bouloc à 11h15, Pietquin à 11h57, Pierre à 12h23, Brallet à 12h58, 13ème Bordier à 17h05 et 14ème Chamagne à 17h32.
Châlons-sur-Marne, piscine olympique (325ème km) – 1 – Simon 12h40, 2 – Alomaine 14h19, 3ème Schneider 14h54, 4ème Schouckens 15h31 qui malade, la mort dans l’âme, après une réunion avec ses soigneurs, décide d’abandonner à 18h36 ; 5ème Bouloc 16h27, Pierre 17h35, Champmartin 17h36, Brallet 18h32, Gouvenaux 20h37, Himmesoette 20h55, Olmetta 22h57, Chamagne 23h19. Le 14ème, Daniel Bordier de Château-Thierry n’a pas rallié le contrôle de Châlons.
Epernay (stade) – 360,500 km – Ce sont douze marcheurs qui passeront à Epernay. Le luxembourgeois Josy Simon ne faibli pas et il pointe à 17h48. Emile Alomaine conserve sa deuxième place et pointe à 20h03, mais la surprise vient de Serge Schneider qui le talonne une minute après. Loin derrière, Michel Bouloc pointe à 22h34, puis Pietquin à 23h22, Pierre 00h03, Champmartin 00h08, Brallet 00h50, Gouvenaux 3h24, Himmesoette 3h28. Trop attardés, Chamagne à 7h10 et Benoit Olmetta à 7h30 seront arrêtés.
Ils ne sont plus que 10 marcheurs à traverser la commune de Dormans au kilomètre 386. Le contrôle est installé devant la Mairie. Josy Simon maintient son allure et se présente à 21h45, mais c’est Schneider qui occupe maintenant la deuxième position. Il pointe à minuit pile, il compte déjà ¾ d’heure d’avance sur le belge Alomaine (00h45). Michel Bouloc est toujours 4ème à 3h45, Pietquin 5ème à 4h19, puis Pierre André à 5h30, Brallet à 6h04. Le bragard Maurice Champmartin n’est pas au mieux, il pointe à 6h34, et derrière Himmesoette (8h16) a passé Jean-Claude Gouvenaux qui ferme la marche à 8h26.
Champmartin, souffrant de douleurs dans le ventre, sera arrêté au 400ème km à Chartèves.

Nous sommes le 4 juin et à l’entame de cette dernière nuit de marche, il reste encore 100 kilomètres à parcourir. Le passage à Château-Thierry est fixé au 410ème kilomètre et les positions sont les suivantes : 1er Simon 1h21, Schneider 3h48 (il repartira à 4h14), 3ème Alomaine à 4h55, 4ème Bouloc à 7h51, 5ème Pietquin à 8h38, puis Pierre André à 9h27, 7ème Brallet à 9h44. Au prix de gros efforts, Jean-Claude Gouvenaux a réussi à dépasser Paul Himmesoette, mais en pointant respectivement à 12h35 et 13h47, ils seront stoppés tous les deux.
La fin de nuit pour les premiers et le grand jour pour l’arrière de l’épreuve, chaque poste de contrôle devient un couperet au regard des horaires de passage.
A la Ferté sous Jouarre, au km 440,500, Josy Simon se présente à 6h06, Schneider donne sa feuille à 8h45, le 3ème Alomaine est déjà à plus de 3 heures derrière lui et se présente à 11h53. Bouloc garde sa 4ème place pour une minute seulement à 13h32, puis Pietquin à 13h33, Pierre André à 14h38. Le 7ème, Roger Brallet présente sa feuille de route à 15h07.
Les marcheurs ont quittés la Champagne et traversent maintenant le département de la Seine et Marne. Les écarts sur la route et les prévisions horaires imposent à l’organisation de prendre une décision importante. Seuls les deux premiers continueront l’épreuve, les autres seront classés dans l’ordre d’arrivée au poste de contrôle de Meaux. Josy Simon passe à 9h14, le 2ème Schneider à midi. Seront donc classés dans l’ordre à la 3ème place Roger Pietquin à 16h33, puis 4ème Michel Bouloc à 17h30, 5ème Pierre André à 17h37, 6ème Roger Brallet à 18h55. Le 7ème, Emile Alomaine sera arrêté un peu avant le contrôle de Meaux.

Pour la sécurité des marcheurs, la nuit, la maison 3M France avait mis à la disposition des marcheurs, des dossards fluorescents ainsi que des bandes réfléchissantes pour les soigneurs et sur les voitures des officiels et de la caravane publicitaire. Heureuse initiative et merci à 3M France.
Pour le classement final, seuls 2 concurrents termineront le parcours Place de la Mairie à Nogent. Le Luxembourgeois l’emporte en 66h 10’ 47’’ et le surprenant français du CS Meaux, Serge Schneider termine 2ème en 69h 47’ 57’’. Selon le règlement de l’épreuve, les six premiers seront considérés comme lauréats de l’épreuve, le belge Emile Alomaine n’ayant pas atteint le contrôle de Meaux figurera en 7ème position.

Il faut souligner que l’Etat-Major des Sapeurs-Pompiers de Paris ayant à sa tête le Général Gère et ses officiers, le Colonel Berthelot et le commandant Payrastre, nous ont fait l’honneur de venir rendre visite à Strasbourg-Paris, le samedi 3 juin. Le Général Gère a même tenu à accompagner les hommes de tête en tenue de sport pendant plusieurs kilomètres.
Félicitations !




Classement

  Concurrent Dos. Ville Nat. Km Temps Moyenne
1 SIMON Josy 2 A.A. Luxembourg luxembourg 501 66 h 10' 47 7,572
2 Schneider Serge 4 C.S. Meaux france 501 69 h 47' 57 7,179
3 Pietquin Roger 20 F.C. Marcinellois belgique 461 67 h 33' Arrêt
4 Bouloc Michel 9 Lagny Sports M. france 461 68 h 00' Arrêt
5 Pierre André 14 Hainaut S.P. belgique 461 68 h 37' Arrêt
6 Brallet Roger 7 C.M. Charmes france 461 69 h 55' Arrêt
        ARRÊT
7 Alomaine Emile 3 C.A. Gembloux belgique 460   Arrêt
8 Gouvenaux Jean-Claude 8 Chevreuils Vitryats france 410   Arrêt
9 Himmesoette Paul 11 A.S.G.T. Châlons S/M france 410   Arrêt
10 Champmartin Maurice 6 C.O. Saint-Dizier france 400   Arrêt
  Chamagne Daniel 16 A.M. Nancy Lorraine france 360,5   Arrêt
  Olmetta Benoit 12 A.S.P.T.T. Marseille france 360,5   Arrêt
  Schouckens Robert 1 U.S. Binche belgique 325   Arrêt
  Bordier Daniel 25 C.S. Château-Thierry france 320   Arrêt
  Curty Jean 24 U.S.M. Gagny france 255   Arrêt
  Saint-Vanne Gérard 10 C.S. Château-Thierry france 255   Arrêt
  Girod Raymond 13 C.M. Monthey suisse 210   Arrêt
  Hendricks Paul 19 Chula Vista Californie suisse 200   Arrêt
  Bouloc Jacques 21 Lagny Sports M. france 192   Arrêt
  Pheulpin Adrien 5 Ind. l Franche-Comté france 192   Arrêt
  Roby Henri 26 C.S.   Château-Thierry france 192   Arrêt
  Van Bergen Luc 30 F.C.R. Serein belgique 192   Arrêt
  Fournier Gilbert 27 E.A. Châlons sur Saône france 192   Arrêt
  Dupont Claude 28 P.L.M. Conflans france 192   Arrêt
  Onanachvili Dominique 18 C.R. Vaise france 192   Arrêt
  Letondel André 15 F.C. Sochaux france 150,5   Arrêt
  Legrain Jean-Marie 17 U.S Biache St Vaast france 146,5   Arrêt
  Hubert Lucien 29 F.C. Argences france 130   Arrêt
  Dufay Jean 23 U.S. Torcy france 80   Arrêt
NON PARTANT       
  Loch Manfred 22 Laz-Hamm suisse     NP